Peintures


Maharaja - 2021 

 

 

Femme scorpion - 2021

 

 

Renard - 2011

 

 

Tapis licorne - 2021

 

 

A la Loupe - 2020

 

 

L'autruche - 2018

 

 

Pudeur - 2017

 

 

Lapin guerrier - 2017

 

 

Le paon - 2021

 

 

Onde -  2010

 

 

Secrets d'alcôve - 2016

 

 

Moi - 2017

 

 

Troupeau - 2019

 

 

Questions - 2021


 La matière ? Elle est là, épaisse, puissante, vivante, mais elle n’est pas fin en soi, au contraire, elle est symptôme - visible à travers les ondulations des vaguelettes – d’une longue élaboration ; elle est prémisse et témoin d’une quête entêtée vers l’aboutissement total, vers l’image définitive et autonome ; elle est lieu de rencontre entre le peintre et son œuvre ; elle est le lieu d’apparition de la forme.     Chaque toile disparait totalement sous une infinité de couches (une centaine, parfois) d’une mystérieuse mixture faite de pigments, résines, solvants, fruit d’une longue expérimentation, et chaque couche est en soi une étape, une marche, une image latente vers une image enfin dévoilée, accomplie, rencontrée un beau jour où le peintre, récompensé, sait que c’est elle, pas une autre, un beau jour de révélation. Sur la surface de la dernière page se lit la Révélation, et dans l’épaisseur se lit l’Homme peignant.     Le tableau définitif est la symbiose de sédimentations successives, de fusions et de diffusions, de repentirs et d’effacements, de volontés et de hasards et tout y est dit : le temps qui passe, avec ses espoirs en le futur et les angoisses du présent, mais aussi l’action souvent interrompue, mais aussi la pause picturale qui laisse place à la maturation, à la mutation et à la contemplation, mais aussi le laisser-faire, le lâcher-prise, mais encore la modestie devant le hasard ou l’incertitude, la force de la certitude, ou bien la patience de l’alchimiste… et on pourrait découvrir encore bien des choses de l’homme qui peint, tellement il s’implique et se sédimente corps et âme dans sa peinture. L’expérience l’émotion et le temps se sont densifiés dans la matière, et, in fine, de la dernière image vibrante, magique, où le bleu naît du rouge, de cette dernière image généreuse, expansive, naît la rencontre amoureuse, ineffable, existentielle.    Pascal Hallou a toujours voulu lier étroitement sa condition de peintre et sa condition d’homme du 20ème siècle, et cela voulait dire prendre pleinement conscience des contraintes de l’environnement quotidien, le quotidien en 1999, c’est se zapper entre plusieurs vies : celle de conjoint, celle de parent, celle d’homme social, celle d’homme au travail ; c’est se laisser porter par ces rythmes effrénés et tenter de les unifier, de les pacifier, de les transcender. Ces rythmes hachés ont prédéterminé le choix de sa technique picturale très personnelle : peindre par petits morceaux de temps, laisser à la matière la possibilité de vivre toute seule sa vie ou son repos de matière feuilletée, peindre plusieurs toiles à la fois, faire des allers et retours entre les petits et les grands formats, ou entre les œuvres rapides, plus proches du dessin, et les œuvres lentes, attendre chaque fois le miracle définitif. Pas d’urgence, jamais. Une longue quête pleine de soupirs et d’expériences nourrissant le devenir, qui sous-tendant  l’apparition finale.     Pascal Hallou, à travers son œuvre se sent être une sorte de médium des mânes de tous ses prédécesseurs peintres. Il accepte avec fatalité cette mission de vecteur de forces antérieures, cette intégration dans la continuité de l’histoire de la création artistique humaine.      A la Galerie Lillebonne, il nous dévoile ses grands formats des dernières années. Contrairement aux petits formats, il les peint verticalement, contrainte technique pour que la toile ne s’affaisse pas sous le poids des couches. Cette verticalité donne un dynamisme et une tension à la toile en s’opposant à l’horizontalité des vaguelettes nées curieusement de l’écoulement de la peinture.     Il nous donne à voir probablement du jamais vu : de fantomatiques et éthérées apparitions de formes, entièrement fondues dans un fond magmateux ou sablonneux véritable genèse de l’œuvre.     Et nous terminons en citant le peintre lui-même écrivain entre deux toile… : « nous avons pu émettre l’hypothèse d’une peinture constituée de différentes couches successives, actions effacées, qui se synthétisent en une peinture matière énonciatrice, voire annonciatrice. Le passé (la mémoire) s’actualise ». Puis cite G.Roetz à propos d’Angeletti : « la peinture s’énonce, s’écrit sur le chaos du monde, dans le quotidien » et plus loin, M.Dufrenne : « Ce que le peintre, à force de patience, veut voir et nous donner à voir, c’est la naissance ; il veut surprendre ce moment où les choses se font choses et le monde monde ». M. F. LEQUOY POIRE